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Ne jamais rester dans sa zone de confort

Portraits

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03/03/2025

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« Ne jamais rester dans sa zone de confort »

Portrait d’un ingénieur de terrain, animé par la science du management et le goût de l’aventure internationale. Entretien avec Dominique Pellizzari, diplômé en 1977, qui retrace avec nous son parcours exceptionnel, entre rigueur technique, ambitions professionnelles et attirance pour les contrées lointaines. 

Il faut un début à toute histoire. Qu’est-ce qui t'a poussé, à l’origine, à t'orienter vers une carrière d’ingénieur ? 

Au départ, c’est une voie tracée. Comme beaucoup de jeunes passionnés par les mathématiques et la physique, je me suis orienté vers des études d’ingénieur. Mais au-delà de l’aspect technique, ce qui m’attirait vraiment, c’était de concilier le rôle d’ingénieur avec des responsabilités managériales. Je souhaitais évoluer dans un environnement où je pourrais allier technique et management et, pourquoi pas, viser à terme un poste de direction.

Tu as rapidement placé ton parcours sous le signe du voyage. Pourquoi ? 

L’ouverture à l’international a toujours constitué une part importante de ma carrière. Ma famille, multiculturelle et polyglotte (allemand, italien, anglais), m’a donné une curiosité naturelle pour les langues étrangères et les autres horizons. J’ai eu la chance de pouvoir mettre cette affinité à profit dans mes missions professionnelles, surtout au Moyen-Orient, où mes premiers pas m’ont rapidement conduit. Travailler à l’étranger m’a permis d’apprendre énormément sur les défis techniques, commerciaux et juridiques, et de m’adapter à des contextes très différents.

Quel a été ton premier grand défi à l’international ?

Mon premier poste hors de l’hexagone fut chez Transunel, une filiale d’Alstom Atlantique, où je suis devenu responsable de la zone Moyen-Orient. J’étais seul face à des défis multiples : négociation de contrats, gestion d’équipes locales, et souvent des problématiques juridiques complexes. Ce fut un vrai apprentissage sur le terrain, et une immersion totale dans la gestion d’un projet à l’échelle internationale.

Ton parcours inclut aussi un MBA. Comment cette formation a-t-elle influencé ta carrière ?

L’idée d’un MBA m’a toujours semblé en adéquation avec mon projet professionnel. J’ai commencé ce cursus complémentaire avant même de trouver mon premier poste à l’étranger et l’ai terminé quelques années plus tard. Cette formation m’a permis de structurer mes ambitions de leadership, et surtout de développer une vision plus stratégique du management. Elle m’a donné une base solide pour évoluer dans des rôles de gestion d’entreprise à une échelle internationale.

Sur ta route, tu as croisé assez tôt la famille Gattaz, que tu ne quitteras plus jamais vraiment par la suite. Comment cette relation a-t-elle influé sur ta trajectoire ?

Ma rencontre avec la famille Gattaz en 1985 a été un tournant majeur. J’ai rejoint Radiall, où j’ai passé une grande partie de ma carrière. Trente ans aux côtés de Yvon et Pierre Gattaz ont été une aventure aussi enrichissante qu’intense. J’ai participé activement à l’expansion internationale de l’entreprise, à l’ouverture et à la gestion des filiales (Etats-Unis, Angleterre, Chine, Inde, Hongkong, Brésil, Finlande), et à de nombreux projets ambitieux. C’était une expérience extrêmement formatrice, tant sur le plan professionnel que personnel.

«Travailler dans l’ex-URSS, négocier avec des responsables soviétiques, notamment le ministre de l’aviation, c’était un défi colossal. L’adrénaline était à son comble, c’est une expérience inoubliable ».

Quel projet t'a particulièrement marqué durant cette période ?

L’un des projets les plus marquants a été la construction d’une usine de connecteurs en ex-URSS, dans les années 90. Travailler dans un contexte aussi tendu, négocier avec des responsables soviétiques, notamment avec le ministre de l’aviation, c’était un défi colossal. L’adrénaline était à son comble, mais ce fut in fine une expérience inoubliable.

Un autre temps fort, c’est ton  implantation en Chine, quelques années plus tard…

Absolument. Nous avons été parmi les premiers à installer une usine en Chine, pour fabriquer des connecteurs coaxiaux. À l’époque, le cadre juridique et économique du pays était loin d’être aussi structuré qu’aujourd’hui. C’était un défi immense, mais aussi une grande aventure. Je me souviens de nuits entières de négociation avec les autorités chinoises. Aujourd’hui, voir cette usine prospérer après plus de 20 ans est une grande fierté. 

Tu as pris ta  retraite en 2022. Comment aborde-t-on ce virage, en particulier après une carrière aussi riche et dense ?

La retraite n’a pas signifié pour moi un arrêt total. J’ai créé une société de consulting, où je continue d'accompagner des projets, surtout dans des stratégies d’acquisition ou en Asie. J’aime garder une certaine connexion avec le monde des affaires tout en gérant mon temps différemment. De plus , poussé par l’envie de partager mon expérience avec les jeunes générations , je me consacre à des activités d’enseignement à l’IAE de Paris, où je suis chargé d’enseignement de management stratégique et je suis tuteur d’apprentissage pour des étudiants de l’ESME. Je participe également à l’organisation du Prix Yvon Gattaz – Elizabeth Ducottet « Start c’est bien , Up c’est mieux ».

«La clé, c’est de savoir se mettre en déséquilibre, d’être curieux, de sortir de sa routine »

Quelles leçons retiendras-tu de ton parcours ?

Ce qui m’a toujours motivé, c’est le plaisir que j’ai pris dans ce que je faisais. J’ai eu la chance de travailler sur des projets variés et de relever des défis stimulants. Mais surtout, j’ai appris à ne jamais rester dans ma zone de confort. La clé, c’est de savoir se mettre en déséquilibre, d’être curieux, de sortir de sa routine. Et bien sûr, il faut toujours garder une posture d’humilité, d’écoute et d’empathie.

Un message pour les étudiants de l’Ecole et les jeunes diplômés qui te lisent et qui ont encore, sans doute, une longue route devant eux ?

Restez curieux et prêts à relever de nouveaux défis. Ne vous reposez jamais sur vos acquis. Cherchez toujours à apprendre, que ce soit sur le plan technique ou managérial. Et n’oubliez pas de respecter les autres, d’être à l’écoute, car c’est ça qui vous permettra de grandir.

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