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Mathis Bourgnon : la voile dans les gènes

Portraits

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02/12/2020

Mathis Bourgnon et Yvan Bourgnon à l’arrivée de leur record de la traversée de la Méditerranée

Jean-Baptiste : Mathis, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Côté études, après un bac mathématiques et 2 ans et demi à l’ESME Sudria en parcours International, je me suis réorienté en commerce à l’ISG, école partenaire de l’ESME (à l'ESME j'étais surtout intéressé par les cours de gestion en entreprise et les projets d'associations. Aidé et conseillé par H.COUM j'ai réalisé que ces domaines étaient plus en accord avec mes projets professionnels. Merci encore à lui). Cette année, je valide mon Bachelor en Management International. Côté voile, j’ai depuis toujours navigué pour le plaisir pendant les vacances d’été avec mon père ou des amis mais j’ai commencé la compétition très tard. Ma première compétition était sous les couleurs de l’ESME Sudria ! A la CCE 2017.

Avec un père (Yvan Bourgnon) et un oncle (Laurent Bourgnon) tous deux skippers de renommée mondiale, est-ce qu’on peut dire que tu étais programmé pour intégrer le monde de la voile ?

C’est sûr, ça aide. Peu de personne se lance dans la voile sans avoir de la famille dans le milieu. Pourtant, mes parents ne m’ont jamais poussé à en faire, même l’inverse. Plus jeune, je faisais tous les sports possibles sauf de la voile. J’étais même demandeur, mais c’était plus simple d’aller faire du tennis que d’aller faire de la voile, surtout avec l’école à Paris. On va dire que la voile est venue naturellement au fur et à mesure que j’ai grandi. Avec le temps, les histoires du père et de l’oncle me font de plus en plus rêver. Je m’en inspire beaucoup.

L’AIESME t’avait déjà interviewé avant ton départ pour la course croisière de l’EDHEC 2017. Course à laquelle tu avais participé sous bannière ESME. Tu avais terminé 7ème de ta catégorie. Je crois savoir que tu es maintenant détenteur de 3 records du monde en catamaran de sport. Incroyable palmarès ! 

Mathis Bourgnon et Yvan Bourgnon sur Nacra F20

Oui, c’était super ! l’ESME et l’AIESME ont rendu ma première compétition de voile possible et je serai toujours reconnaissant de leur confiance. J’étais très fier du sticker de l’ESME sur la coque et la voile. Mon père avait gentiment fait skipper pro pour nous, mais le comité et les jurys n’étaient pas ses amis et ils nous ont harcelés de pénalités. Dommage, nous visions le podium. En 2019, j’ai aussi envoyé l’ESME à la CCE, mais cette fois-ci mon père n’était pas invité !

La course au large, tu y as réfléchi ? 

J’y réfléchis beaucoup. Je préfère naviguer au large que naviguer entre des bouées. Nos records sont d’ailleurs un peu particuliers, car on s’amuse à naviguer au large sur un catamaran de plage. De quoi naviguer au large avec un budget de plage. Mais les plus gros bateaux m’intéressent aussi.

Le Vendée Globe s’est élancé le mois dernier des Sables d’Olonne. Beaucoup de casse chez les favoris alors que les mers du sud réputées redoutables sont à peine atteintes par le groupe de tête. Que t’inspire ce début de Vendée ? On a l’impression que c’est une course par élimination qui est en train de se jouer. Un outsider pourra-t-il passer la ligne d’arrivée en tête ? Un bateau à dérive droite ?

Thomas Ruyant sur Linkedout découpant son foil suite à une avariePour les fans de voile et de course au large, tous les 4 ans, c’est un peu nos JO à nous ! Des JO qui durent 3 mois, quel kiff. Pour les casses, comme le Paris-Dakar, avant de gagner, il faut finir. Cette année, il y a très peu de casse par rapport aux éditions précédentes. Un seul abandon après presque 20 jours, c’est du jamais-vu, surtout avec un nombre record de participants ! Les bateaux sont de plus en plus chers, mais de mieux en mieux préparés aussi. Merci les ingénieurs. Qu’ils aient plein de bricole comme actuellement avec leur hooks etc… c’est normal. Ce qui m’inquiète plus et m'attriste, c’est qu’il y a cependant, de plus en plus de bateaux qui tapent des conteneurs ou objets dans l’eau faute à la pollution et ça, ce n’est pas normal. Pour ce qui est du vainqueur, il y a trop de bateaux à foils pour qu’ils cassent tous et qu’un bateau à dérive gagne. Mais Jean LeCam sur son bateau à dérive est bien placé pour me faire mentir et j’adore ça.

La tête de la course a plus de 3 jours de retard sur le record d’Armel le Cléac’h. Est-ce qu’on peut déjà dire qu’il ne sera pas battu ?

Difficile de savoir, c’est mal parti pour le battre effectivement. Les bateaux neufs à foils sont encore sur la réserve, peut-être que si Charlie Dalin sur Apivia lâche les chevaux et profite d’une bonne météo retour, le record peut tomber. Mais je ne parierai pas.

Beaucoup de skipper de renom sont également ingénieur de formation (François Gabart, Kevin Escoffier, Maxime Sorel, Yves Parlier, Gwénolé Gahinet…), il faut croire que ça aide ? 

         De droite à gauche : François Gabart, Kevin Escoffier et Maxime Sorel

Il ne faut pas oublier que c’est un sport mécanique, c’est d’ailleurs cet aspect qui m’avait poussé à étudier à l’ESME Sudria. Ces bateaux sont bourrés de technologies : de la fibre optique dans du composite carbone, les foils qui font voler les bateaux, des auto-pilotes avec du self-learning en 3D, des capteurs partout… Le marin doit savoir comment tout fonctionne pour bien tout utiliser et réparer au cas où. C’est le propre du navigateur, savoir tout faire et être ingénieux. Trouver une solution à tous les problèmes, c’est bien ce qu’on apprend en école d’ingénieur.

Mathis Bourgnon sur “Zizi to Fly”

Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

On parlait de course au large, les records en catamaran sont déjà considérés comme naviguer au large, mais peut-être qu’un jour je prendrai un bateau habitable. C’est mal parti vu que le prochain gros défi est la traversée de l’Atlantique en catamaran de plage. Dakar-Guadeloupe en moins de 11j vers décembre 2021 / janvier 2022. En attendant je m’entrainerai sur des bateaux à foils comme l’Easy To Fly et le NacraF20 entre des bouées pour garder la forme et attirer des sponsors.

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