Je ne peux m'empêcher de vous partager cette aventure du Pape du Réseau, Hervé Bommelaer, invité à l'Elysée pour rencontrer notre Président et ses conseillers .Plaidoyer à l'Elysée
Quand un conseiller technique du Président de la République vous invite à le rencontrer à l’Elysée, cela ne se refuse pas. C’est ce qui m’est arrivé récemment. Ce fut l’occasion de parler de trois sujets qui me tiennent à cœur : le Networking, l’emploi des séniors et l’importance de récompenser les bénévoles au sein des associations.
Il est 14h20 et je me pointe devant la grande porte de l’Elysée, celle que tout le monde connaît car elle accueille les ministres et les chefs d’Etat étrangers. Evidemment, pour moi, elle est fermée. Gloups ! Dans ma grande naïveté, j’ai mal lu l’invitation : je suis convié à me présenter à une autre porte, beaucoup plus discrète. Quoi qu’il en soit, je suis à l’heure pour passer le poste de contrôle et être accueilli par mon hôte du jour et sa collaboratrice. Après une rapide présentation des uns et des autres, la discussion commence sur les trois sujets sur lesquels j’ai la possibilité de m’exprimer.
Networking or Not Working
Ayant écrit plusieurs livres, rédigé moult articles et donné pléthore de conférences et webinaires sur le Networking, je constate avec regret que cette pratique n’est toujours pas assez connue et reconnue. J’en veux pour preuve qu’elle n’est pas enseignée dans l’enseignement supérieur alors que s’il y a une matière à apprendre particulièrement utile tout au long de la vie, c’est celle-là. Prenez toutes les écoles de commerce, toutes les écoles d’ingénieur, les différentes facultés, Sciences-Po, Dauphine, etc… Aucune initiation au Réseautage ! Hormis l’ESSEC qui organise un webinaire tous les mois sur ce thème à destination de tous les étudiants de l’école. Un néophyte pourrait dire que le Réseau ne sert à rien pour les étudiants. Erreur : le Networking est fort utile pour trouver un bon stage, une bonne alternance et, enfin, un premier bon job.
Les meilleurs ambassadeurs du Réseautage sont les ex-chercheurs d’emploi qui ont trouvé leur nouveau job grâce au Réseau : ils ont testé et ils ont été convaincus. Par ailleurs, j’ai souligné que le Réseautage ne sert pas qu’à chercher un bon job, il facilite et fluidifie également les trajectoires professionnelles au sein de l’entreprise, ouvre plus d’opportunités de job à l’externe et aide les indépendants à développer leur chiffre d’affaires. Mais le Networking ne s’improvise pas. C’est un ensemble de techniques et de règles à intégrer avant de se lancer dans cette démarche.
L’emploi des séniors
Le deuxième thème que j’ai abordé devant mes interlocuteurs fut l’emploi des séniors. J’ai expliqué que, à mon sens, ce n’était pas en pénalisant les chômeurs séniors que l’on allait résoudre ce mal français. En effet, plutôt que de réduire la durée d’indemnisation et le montant de celle-ci, il serait préférable de jouer sur un levier positif : l’incitation des entreprises à garder et engager cette population active. En fait, il s’agit de changer les lunettes noires des responsables politiques pour leur faire comprendre que les séniors au chômage ne sont pas des profiteurs du système. Il est également question de modifier profondément et durablement la vision de l’entreprise pour qu’elle ne cherche plus à se débarrasser des anciens et que, encore mieux, elle soit disposée à en recruter. Enfin, il s’agit d’aider les séniors eux-mêmes à se former régulièrement et être accompagnés pour mieux affronter le marché de l’emploi. Les pessimistes vous diront que c’est impossible. Les optimistes vous expliqueront que c’est très facilement faisable. En tant qu’optimaliste lucide, il est clair que cela prendra du temps, alors autant commencer dès maintenant avec des mesures fortes. L’alternance constitue un bon exemple de ce qu’il faut faire. Cela faisait des années que ce mode d’entrée dans le travail patinait en France. Au point que de grands esprits avaient capitulé. Les mesures fortes prises à partir de 2018 ont boosté le nombre de contrats d’alternance qui plafonnait à environ 300 000 depuis plusieurs années pour quasiment tripler en 2023. Cette révolution ne s’est pas réalisée en tapant sur les uns ou les autres, mais par l’incitation et l’encouragement.
Récompenser les bénévoles
Mon troisième et dernier sujet au cours de cet échange à bâtons rompus concernait le monde associatif. Cela fait plusieurs années que, par mon métier, je côtoie cet univers peuplé de valeureux, infatigables et remarquables bénévoles. Les associations constituent un rouage essentiel du bon fonctionnement de la société. Et derrière celles-ci, s’activent des bataillons d’individus qui travaillent dans l’ombre avec comme seule récompense le fait de savoir qu’ils sont utiles à leurs prochains. Mon idée est simple : je propose que l’on récompense ces bénévoles de l’ombre en créant une nouvel ordre national : "L’Ordre National de la Solidarité". Cette instance, comme l’Ordre de la Légion d’Honneur ou l’Ordre National du Mérite, récompenserait chaque année des milliers de bénévoles en France. On garde les grades de chevalier, officier, commandeur, etc. et la ou le bénéficiaire reçoit une médaille et porte un insigne à la boutonnière. Contrairement aux autres ordres cités ci-dessus, l’objectif est de récompenser un maximum de bénévoles et qu’ils soient fiers de porter cette distinction.
Epilogue
L’entretien est terminé. Mes hôtes prennent congé de moi. L’échange a duré une heure. J’ai senti une écoute bienveillante et un intérêt réel. Est-ce que cela fera bouger les lignes ? Nul ne le sait. Pour prendre la métaphore du jardinier que j’utilise souvent dans mes interventions sur le Networking, j’ai planté trois graines dans le grand jardin du possible. On verra bien celles qui pousseront.
Ecrit par Hervé Bommelaer sur LinkedIn
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