Découvrez l'interview de Bernard Cathelain, Président d'IESF, dans le Magazine "Monde des Grandes Écoles et Universités
Avec +3 % de diplômés en 2022 et moins de 3 % de chômage, le métier d’ingénieur a toujours la cote. Les secteurs privilégiés ? L’industrie, devant les sociétés de service et les activités tertiaires. Une bonne nouvelle dans un contexte de réindustrialisation, même si la réalité est plus nuancée. La France a en effet besoin de 65 000 nouveaux diplômés chaque année, soit 18 000 de plus qu’à l’heure actuelle. Interview par Violaine Cherrier pour "Monde des Grandes Ecoles et Universités"
ON MANQUE ENCORE D'INGÉNIEURS !
Quasi plein emploi, salaire médian de 60 000 euros, 82 % de taux de satisfaction au travail : les résultats affichés par la 34e enquête de l’Observatoire des Ingénieurs et Scientifiques de France menée par IESF sont pour le moins positifs. Néanmoins, ils restent insuffisants tant l’industrie a aujourd’hui besoin d’ingénieurs pour répondre aux objectifs de réindustrialisation et de décarbonation avancés par le gouvernement. Un enjeu dont ont pleinement conscience les ingénieurs, puisque seuls 38 % de ceux travaillant pour une société de service ou de conseil envisagent de faire carrière dans leur entreprise, laissant ainsi le champ libre à une réorientation vers le secteur industriel. Si vous voulez être acteur du changement et participer aux transitions en cours, le secteur de l’ingénierie vous donnera les clés pour y parvenir !
Les grandes tendances en ingénierie
« Nous observons tout d’abord une forte demande en ingénieurs favorisant un taux de chômage particulièrement bas. Non seulement un jeune ingénieur pourra facilement trouver un emploi mais il pourra aussi facilement en changer s’il le souhaite. La contrepartie est qu’il existe par conséquent une pénurie d’ingénieurs dans la quasi-totalité des domaines. Il est donc nécessaire de former davantage d’ingénieurs pour, in fine, répondre aux enjeux de réindustrialisation » résume Bernard Cathelain, président d’IESF. Second enseignement : le taux de féminisation des effectifs stagne à 24 % et on peut craindre de voir ce taux baisser encore dans les années à venir, du fait de la réforme du bac. Dernier élément marquant : la forte sensibilité accordée aux sujets environnementaux, et ce jusque dans le choix d’orientation des jeunes talents, poussant les écoles à s’adapter.
L’impact des enjeux environnementaux
L’attractivité du métier se situe en effet principalement dans ces préoccupations environnementales. Aux métiers alors de bien prendre en compte cette dimension. Deux tiers des ingénieurs sont même prêts à signaler tout manquement de leur entreprise en matière de responsabilité écologique. Il importe donc d’alimenter toute la chaîne, en amont comme en aval, surtout au niveau industriel. Les entreprises doivent s’inscrire dans cette logique RSE, la réindustrialisation est à ce prix ! « Côté formations, cela passe par le fait de repenser les cours actuels, de proposer de nouveaux domaines d’étude, mais aussi de former les enseignants et d’orienter la recherche fondamentale vers les enjeux du moment » poursuit Bernard Cathelain.
Un métier d’avenir
La fonction d’ingénieur intègre aujourd’hui une vision de plus en plus systémique autour d’un spectre de compétences très variées. Cette approche se traduit par une forte capacité à intégrer des problématiques extérieures, à la fois dans la formation et dans la pratique. « Nous avons devant nous des défis sociétaux considérables. Ma conviction forte est que nous avons besoin d’ingénieurs pour les relever. Donc, pour un jeune qui se préoccupe de ces sujets et souhaite contribuer à y remédier, embrasser la carrière d’ingénieur est une réponse efficace. » Pour participer à la réponse, IESF a notamment créé un comité Jeunes promotions et lancé, sur le modèle des conventions citoyennes, une Convention Scientifique Étudiante sur le thème de l’hydrogène. « Pendant quatre weekends, 50 étudiants tirés au sort se sont entretenus avec des spécialistes pour travailler sur le sujet et produire un rapport qui sera dévoilé auprès des ministères de l’Industrie, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et de la Transition énergétique ! »
Et les ingénieures ?
La trop faible féminisation des métiers d’ingénieurs et de scientifiques reste donc un point noir central en France. Même si on observe de légers frémissements au sein des jeunes : les femmes représentant 27 % des ingénieur.e.s de moins de 30 ans et 28,5 % des diplômé.e.s en 2022. Entre autres facteurs responsables : la réforme du bac qui a entraîné une chute de 60 % du nombre de filles en spécialité Mathématiques. Parmi les freins évoqués par les femmes vis-à-vis de la profession d’ingénieurs, une majorité cite une image trop masculine (56 %), trop industrielle (28 %), l’éventuel plafond de verre (29 %) et les exigences du métier en matière d’engagement, de disponibilité ou d’expatriation (10 %). À l’inverse, les ingénieures citent quant à elles parmi leurs principales motivations : un intérêt pour les sciences (84 %), leurs aptitudes (62 %) et la qualité de l’emploi (44 %). Dans ce cadre, comment convaincre plus de jeunes femmes de franchir le pas ?
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