Jamais sans mon écran
Saluons la publication d’un livre éclairant par un auteur positif.
Philippe Bloch, qui nous avait enthousiasmés avec « Ne me dites plus jamais « Bon courage » » ou « Tout va mal… Je vais bien ! » vient de publier « Jamais sans mon écran », qui fait le point avec brio sur notre relation à nos smartphones.
Au fil de chapitres aux titres évocateurs, on découvre comment le smartphone et les algorithmes ont changé nos vies (Tous connectés, mais de plus en plus seuls ; Plus narcissiques et moins empathiques ; Plus impatients et moins tolérants, etc.)
Lancé en 2007 par Apple, puis imité et diffusé à plusieurs centaines de millions d’exemplaires dans le monde, le smartphone est devenu un compagnon de vie indispensable à beaucoup d’entre nous, tant il est multifonction.
Que ce soit pour connaître la météo, prendre une photo, commander à dîner ou suivre son compte en banque, notre smartphone est une prolongation de notre cerveau et de notre intelligence.
Et avec l’arrivée de l’intelligence artificielle, le champ des possibles est multiplié par mille, répondant sans délai à toutes nos questions, rédigeant avec brio un compte-rendu de réunion, dessinant des illustrations artistiques ou réalistes, repérant avant le médecin une micro-tumeur cancéreuse sur une radiographie…
Extrait, à propos de l’intelligence artificielle : « L’humanité a beau être un chantier permanent, force est d’admettre qu’elle vit là l’une de ses évolutions les plus spectaculaires, parce que la plus rapide et la plus transformante de sa longue histoire. Jamais aucune technologie de rupture n’avait été aussi rapidement et aussi massivement adoptée à travers le monde, acceptée plus vite qu’aucune autre dans l’Histoire par plus de cent millions d’utilisateurs en quelques semaines. Facile d’accès, gratuite, accessible à tous et incroyablement séduisante ! Comment, et pourquoi devrions-nous hésiter ? Il est intéressant de noter ici que le grand public l’a plébiscitée plus rapidement encore que les entreprises, ce qui est excessivement rare dans l’histoire des technologies de rupture.
Nous n’en sommes bien sûr qu’au tout début, mais tout va désormais aller très vite dans tous les domaines de la vie et des sciences avec l’avènement prochain des intelligences artificielles personnalisées. Santé, environnement, travail, art, industrie, commerce, service client, finance, logement, villes, mobilité, loisirs, etc. Tout va devenir smart et augmenté ! La maintenance préventive nous évitera les pannes et les accidents dans tous les domaines incluant une quelconque dimension mécanique. Nous pouvons déjà presque tout essayer virtuellement, de nos vêtements à une cuisine Ikea en passant par le maquillage ou une nouvelle recette de cuisine.
Demain, les machines de toute nature seront toutes apprenantes, et prendront seules les décisions nécessaires à leur fonctionnement durable sans aucun besoin d’intervention humaine, toutes connectées les unes aux autres par l’internet des objets, le fameux IoT (Internet of Things). Ces interconnexions accélèreront le développement de nouveaux vaccins, traitements et médicaments pour guérir des maladies que l’homme ne pensait jamais pouvoir vaincre à court ou moyen terme. La planète bénéficiera elle aussi d’avancées technologiques spectaculaires pour lutter contre le réchauffement climatique et il y a tout lieu de s’en réjouir, car le temps presse.
Il suffit de se rendre chaque année au Consumer Electronic Show de Las Vegas ou de visiter son équivalent parisien VivaTech pour comprendre que notre vie quotidienne va changer à toute vitesse. Notre miroir repérera nos kilos en trop ou une baisse d’énergie inhabituelle, et un coach virtuel apparaîtra à sa surface pour une brève séance de remise en forme matinale, sans même que nous ne lui ayons rien demandé. Notre machine à café nous signalera que nous avons dépassé notre dose quotidienne de caféine lorsque nous lui passerons commande de notre quatrième cappuccino de la journée. De leur côté, nos toilettes analyseront nos selles pour y détecter d’éventuels soucis potentiels de santé, tandis que notre canapé bourré de capteurs nous suggérera d’aller faire un jogging au bout de trois heures passées en position assise afin de rester en forme plutôt que d’entamer la quatrième saison de notre série préférée.
En préparant pour nous la liste de nos courses hebdomadaires, notre réfrigérateur repérera ce qu’il reste d’aliments sur ses étagères, et nous suggérera lui aussi d’y ajouter plus de fruits et de légumes pour varier une alimentation qu’il ne trouvera pas assez adaptée à notre récente prise de poids. Diagnostic qui sera confirmé par ses acolytes le canapé et le miroir, tous réunis au sein d’une même alliance numérique bienveillante. Notre iWatch nous suggérera quant à elle de prendre rapidement rendez-vous avec un médecin, dès qu’elle aura décelé une possible tumeur à partir de modestes variations de notre métabolisme. Autant dire que jamais nos chances de vivre en parfaite santé au-delà de cent ans n’ont jamais été aussi grandes, en étant à ce point suivis et chouchoutés en permanence par une armée personnelle d’anges-gardiens virtuels dévoués à notre forme physique. C’est tant mieux, et on ne peut que s’en féliciter ! »
Toutefois, au-delà d’un enthousiasme communicatif, l’auteur nous rappelle que l’IA, comme la langue d’Esope, peut être la meilleure ou la pire des choses, et que nous devons garder le contrôle : « De la même façon que la contrainte révèle le talent, pourquoi ne pas remettre de la difficulté dans les actions les plus banales de nos vies, afin de ne pas finir comme des couch potatoes avachis avec un pot de glace Häagen-Dazs dans nos canapés en train de regarder la cinquième saison d’une série sans autre intérêt que de nous distraire ? Redevenons curieux. Remettons-nous en mouvement et réempruntons les chemins de traverse plutôt que les routes balisées. Ne prenons pas systématiquement les raccourcis les plus faciles. Recréons des difficultés là où il n’y en a pas et mettons plus d’ambition, voire d’obstacles à nos projets. Lançons-nous de nouveaux défis et réapprenons à affronter l’adversité. Mesurons plus souvent ce que nous pouvons faire par nos propres moyens, et reprenons confiance dans notre capacité à nous débrouiller parfois tout seuls, sans robot et sans intelligence artificielle. Je suis certain que notre corps autant que notre esprit nous diront rapidement merci ! »
…/…
« Ce qui est certain, c’est que l’écart entre les deux formes d’intelligence humaine et artificielle ne va pas cesser de se creuser dans les années à venir. Et que nous ne sommes pas au bout de nos surprises, tant l’accélération que nous vivons risque de générer d’innombrables découvertes et autant d’avancées majeures. Parce qu’elles sont des technologies duales, les IA génératives peuvent servir le bien autant que le mal. Alors, ange ou démon ? Bénédiction ou malédiction ? Anéantissement de la civilisation, comme le craint Yuval Noah Harari, l’auteur de « Sapiens », ou nouveau siècle des Lumières comme préfère le rêver Yann Le Cun, l’un des plus éminents chercheurs français en IA ? »
Au final, nous ne pourrons plus vivre sans nos écrans, mais il est indispensable de trouver le bon équilibre entre notre vie numérique et notre santé physique et mentale !
Vivons en optimistes, sans perdre de vue les dérives et les risques possibles que les écrans sont susceptibles de nous faire courir. Ce livre nous en donne les clés.
Yves de Montbron pour la lettre de l'optimiste
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