"Les contes sont des amis discrets et solides dont la valeur se révèle quand on les fréquente ! 🙏" nous dit Christophe de Vareilles qui nous partage ses réflexions inspirées par la lecture des contes de notre enfance.
Je trouve particulièrement pertinent ses propos et à mon tour je vous les partage :
« J’ai une fille si belle, si belle que vous n’en trouverez pas de pareille sur terre. Elle mériterait bien de devenir votre épouse. ET SI VOUS CONSENTEZ A FAIRE D’ELLE LA REINE...
... alors je vous montrerai comment sortir de la forêt* » dit la sorcière.
➡ Le roi est veuf, il est libre, et il veut tellement sortir de la forêt. Alors il signe.
Le prix à payer pour sortir de mon pétrin : accepter de perdre de ma royauté. De laisser autre chose me gouverner.
La « belle épouse » ici n’est bien entendu pas une femme, ni même une personne forcément. Elle est tout ce à quoi je donne pouvoir sur moi.
✅ Y a-t-il UNE chose qui me gouverne ?
✅ Ou plusieurs ? Une multitude ?
✅ Aurais-je abandonné mes souverainetés comme les pétales d’une marguerite qu’on effeuille ? A qui, à quoi ?
🖤 Cette belle épouse est un boulet. Une menace essentielle sous une apparence attirante.
Quels sont les chaînes subtiles auxquels ma sorcière m'a fait consentir ?
Quelle serait pour moi la « belle épouse » à laquelle je choisis de me lier ?
➡ Un poste socialement prestigieux ?
➡ Une rémunération captivante ?
➡ Une collaboration valorisante pour mon CV ?
➡ Le succès ? La réussite ? Les chiffres ?...
Ou bien (moins facile à identifier comme « belle épouse », mais pourtant...) :
➡ La sécurité d’un salaire régulier
➡ Une bonne ambiance pas trop menaçante émotionnellement
➡ Une gestion pas trop regardante de mon télétravail ?
...
La belle épouse peut encore prendre d’autres formes plus subtiles. Cette image de moi-même à laquelle je m’attache, comme :
➡ les justifications ("tu comprends, je n'ai vraiment pas eu le choix..."),
➡ les excuses pour me faire plaindre ("dans ma situation..."),
➡ une certaine complaisance de victime aussi qui me garde l’affection des autres (ce que Berne appelle "jouer à ‘Jambe de Bois’" : "avec ma jambe de bois, comment veux-tu que je fasse autrement ?...).
...
⏺ Comme si, au fond, mes choix d’image, ou l’étiquette sociale que je me colle dessus moi-même, étaient nécessairement un empêchement à être qui je suis.
⏺ Mais aussi, si je suis prêt à l’entendre, une invitation salutaire à reconquérir ma souveraineté…
(P.S. : C'est vrai : les questions des contes sont parfois tellement inconfortables quand elles sont explicitées... que je comprends qu'ils les posent par image ! Ainsi, elles sont à la disposition de ceux qui en ont besoin, quand c'est le moment. Elles n'obligent pas : elles se mettent au service de notre désir de croissance).
Article publié avec autorisation de son auteur Christophe de Vareilles
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