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A la rencontre des Sussus d'Amérique

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11/04/2025

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Expatrié aux États-Unis depuis 7 ans, je pars à la rencontre des Sussus d’Amérique 
Ce témoignage personnel est le premier d’une série sur les Sussus installés aux États-Unis. Car derrière chaque parcours d’expat, il y a des espoirs, des succès… et des vérités qu’on n’ose pas toujours dire.

Ce mois de mars 2025 marque mes 7 ans aux États-Unis.
J’ai posé le pied aux États-Unis pour la toute première fois à Denver, dans le Colorado, il y a tout juste sept ans, en mars 2018, avec la même boule au ventre mêlée d’excitation et de vertige que lors de mes précédentes expatriations — mais avec l’expérience en plus.

Après un an et demi à Shanghai Jiaotong University et au Beijing Institute of Technology dans le cadre de mes études à l’ESME, puis un premier poste à Buenos Aires, en Argentine, en V.I.E, je suis arrivé aux États-Unis sans « rêve américain » en tête, mais plutôt en quête d’opportunités, de vitesse et de nouvelles aventures professionnelles. Je les ai trouvées, mais j’ai aussi découvert bien plus, et parfois bien moins, que ce que j’imaginais.

Au début, tout va vite. Très vite. C’est grisant. Les États-Unis offrent un terrain de jeu professionnel où tout semble possible. Dans mon secteur, les télécommunications, j’ai accédé à des responsabilités et à une reconnaissance qui, en France, m’auraient pris beaucoup plus de temps. Le marché est dynamique, la méritocratie bien réelle : si vous délivrez, vous êtes récompensé, parfois généreusement. J’ai expérimenté des façons de travailler plus agiles, plus orientées résultats, avec une véritable culture du feedback et une capacité à prendre des décisions rapidement.

Mais derrière les voyages d’affaires dans la Silicon Valley, les lounges d’aéroport ou les réunions au sommet des gratte-ciels de la côte Est, il y a aussi des lignes de fracture.
L’un des premiers chocs, c’est le rapport au travail. Ici, on vit pour travailler. Les congés sont rares, souvent mal vus quand ils sont pris. Il y a très peu de jours fériés, pas de ponts ni de RTT. La première fois que j’ai posé dix jours d’affilée, mes collègues m’ont regardé comme un extraterrestre. Certains cumulent jusqu’à huit semaines de congés payés par an grâce à plus de 30 ans d’ancienneté, mais il ne leur viendrait jamais à l’idée de prendre plus de deux semaines par an ! Plus récemment, certaines entreprises ont commencé à proposer des contrats avec des congés illimités. Néanmoins, en réalité, les employés en prennent rarement plus de deux ou trois. Les pauses déjeuner sont quasi inexistantes. Chacun mange à son bureau, les conversations sont plus fonctionnelles que chaleureuses.

Le télétravail, lui, est largement normalisé, surtout dans la tech — mais pas uniquement. Ici, peu importe que vous travailliez de chez vous, d’un espace de coworking ou d’un autre État : l’important, c’est que le travail soit fait, bien fait, et dans les temps. D’ailleurs, une grande partie de mes collègues vivent aux quatre coins du pays (et du continent) : Boston, Atlanta, San Francisco… et mon manager direct vit à Montréal ! Ce niveau de flexibilité, encore impensable dans bien des entreprises françaises, est devenu un standard dans beaucoup d’équipes américaines.
J’ai moi-même déménagé de Denver à Dallas, au Texas, au gré d’une promotion. J’ai vite compris que les fameuses « relations de bureau » étaient ici bien plus superficielles que ce que j’avais connu en Argentine ou en France.

Le deuxième choc, plus profond encore, c’est l’absence de filet de sécurité.
Aux États-Unis, le système repose essentiellement sur l’individu. Pas de période d’essai, pas de préavis, pas de système de chômage, pas de retraite universelle, et surtout, pas de véritable protection de l’emploi. Ici, tout est plus transactionnel. La relation avec l’entreprise est régie par le principe du « at-will employment » : on peut vous remercier du jour au lendemain, sans justification. Et quand votre visa est directement lié à votre employeur, c’est non seulement votre emploi, mais aussi votre droit de rester sur le territoire qui est remis en cause. À l’inverse, les employés peuvent quitter leur poste très rapidement, généralement avec un préavis de deux semaines. Cela rend le marché de l’emploi très fluide : les entreprises sont plus enclines à embaucher, car elles savent que si « le fit » ne prend pas, elles pourront facilement mettre fin à la collaboration. A l'inverse, lorsqu’un salarié détient une compétence rare et très demandée (Par example IA ou cybersécurité en ce moment), il se retrouve en position de force pour renégocier son salaire.. ou partir chez un concurrent proposant une meilleure opportunité.

La santé, elle aussi, dépend presque entièrement de votre employeur. Si votre contrat ne prévoit pas une bonne couverture, les frais médicaux peuvent rapidement devenir exorbitants. J’ai mis du temps à comprendre les subtilités des assurances santé, à choisir les bons plans de protection, et à ne pas craindre qu’un simple passage aux urgences ruine des mois d’économies. Cela vous pousse à une forme de vigilance constante, parfois épuisante.

Et pourtant… je ne regrette rien. Parce que l’expatriation, c’est aussi une école de vie. J’ai appris à sortir de ma zone de confort, à m’adapter, à me remettre en question. J’ai découvert un pays d’une richesse incroyable, où tout est possible mais rien n’est jamais acquis. J’ai vu le meilleur : la confiance donnée, les portes qui s’ouvrent quand on ose, les réseaux qui se tissent naturellement. Et j’ai vu le pire : l’ultra-compétitivité, le culte de la performance, la solitude parfois.

Mais il faut aussi reconnaître les nombreux avantages du modèle américain. Les salaires sont globalement bien plus élevés qu’en France, parfois de manière spectaculaire. Et lorsqu’on performe, les augmentations peuvent suivre très vite. Les bonus, les stock options, les promotions éclair ne sont pas des légendes. Ce système récompense l’ambition, la prise de risque et la capacité à se vendre. Il peut être rude, mais il peut aussi transformer votre trajectoire professionnelle de façon fulgurante.

Avec le temps, on trouve un équilibre. On apprend à prendre le meilleur de chaque culture. À lâcher du lest. À mieux se connaître, aussi.

Je voulais partager ce récit avec vous, Alumni de notre réseau, car je sais que beaucoup s’interrogent sur l’expatriation, sur les États-Unis, sur ce qu’on y gagne, et ce qu’on y perd. Les Sussus ont des profils incroyablement variés et bien armés pour l’expatriation. Dans les mois à venir, j’irai à la rencontre des Sussus aux États-Unis pour partager avec vous leurs aventures, leurs succès, mais aussi leurs doutes.

Mon message est simple : partez si vous en avez envie. Mais partez lucides. Préparez-vous à être bousculé, transformé. Et surtout, gardez en tête que l’expatriation n’est pas un long fleuve tranquille. C’est une aventure. Une vraie. Et le réseau des Sussus est là pour vous y accompagner, partout dans le monde.


Depuis quelques mois, j’essaie d’animer la communauté AIESME Alumni aux États-Unis.
J’ai créé un groupe WhatsApp pour faciliter les échanges entre Sussus outre-Atlantique. J’ai eu le plaisir de déjeuner à San Francisco avec Servane Zuili (promo 2024), que j’avais aidée l’an dernier à décrocher son V.I.E, une belle rencontre "en vrai" après nos échanges à distance !
Je discute aussi de temps à autre avec Baptiste Pelloux (promo 2021), basé à Seattle : nous travaillons dans la même entreprise, même si nos projets sont bien différents.
Dans les semaines et mois à venir, je souhaite contacter davantage de Sussus sur LinkedIn, les inviter à rejoindre le groupe AIESME US et le WhatsApp, afin de créer plus de liens, d’échanger, et qui sait ?, organiser un afterwork à Dallas si je trouve d’autres Sussus dans la région. C’est mon rêve secret… mais je crois qu’on va y arriver !  

Retrouvez-le ici

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